Bonaparte. Oui, l’Empereur français. Celui là-même, dont le nom trône sur la pochette du dernier EP de Beauharnais. Originaire de Rueil-Malmaison, ce duo d’explorateurs français a pour crédo d’offrir une dimension impériale à ses productions électro et, avec le Bonaparte EP, le spectre d’un mysticisme napoléonien hante leur musique, plus que jamais auparavant. C’est enfin, pour sublimer son triptyque obscur, que Beauharnais a misé sur des featurings audacieux, avec les participations de B.I.M. et de Miss Flora.
Bonaparte, le titre éponyme, est un champ de bataille. Sa puissance se libère à l’orée des premières notes de synthétiseurs, où les brumes d’un affrontement se dissipent, jusqu’à l’apparition de la voix de B.I.M. Envoutante, elle nous invite à traverser le souvenir de quelques plaines meurtries, que l’on retrouve dans les tableaux de Vernet ou d’Andrieux. Serons-nous victorieux ? Les boucles épiques, qui parsèment la track, semblent nous l’assurer. Les variations marquent le pas et, dans les reliefs, l’électronique se rehausse, ça et là de pointes cristallines et de grésillements, comme pour nous rappeler que les éléments ne cessent de se déchaîner, en arrière plan.
Sur le deuxième titre Cucufa, Beauharnais nous plonge au cœur de la forêt de Malmaison. Son beat nous entraine dans une course infernale. Il laisse planer l’ombre d’une menace, et les murmures qui lui font écho sont tels des flashs qui grondent, quelque part, dans ces bois que l’on soupçonnerait être maudits. Beauharnais sculpte un sombre paysage de carte postale, où l’horizon nous paraîtrait presque infini. Ce n’est alors que, désorienté, nous finissons par comprendre que la lumière nous échappe, à mesure que les vagues électriques brassent les eaux du lac de Saint-Cucufa.
Chanson Frivole prend des allures de pressage, pour compléter cet EP à l’homogénéité parfaite. C’est le sceptre brandi que Beauharnais délivre sa production la plus carabinée du Bonaparte EP et accueille, pour l’occasion, la délicieuse Miss Flora. C’est avec un irrésistible parfum de conquête, que sa voix brute vient renforcer la dynamique autoritaire du titre. Comme sous pression, les breaks oscillent, entre grandeur et décadence, pendant que les lignes basses semblent toutes emprunter à l’imagerie martiale. La domination est totale et l’équilibre absolu.
En bonus, Beauharnais nous offre une version instrumentale du titre Bonaparte, dont le fantôme de Joséphine, immortalisé sur cette pochette signée Harold Harman, en est le gardien protecteur.
Ecrit par M.M.
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